La réforme des masters adoptée il y a deux ans a été pour beaucoup, et sauf quelques exceptions comme la Prep’ENA, un désastre.
- Réunir des commissions étudiantes pour proposer une réforme des masters qui corrige les conséquences calamiteuses de la réforme précédente, et répercuter ces conclusions auprès du C.A. et de l’administration
- Autonomiser la filière Europe, qui a été massacrée, avec 1 semestre sur les 3 dédiés à quelque chose de complètement hors-sujet : les Relations internationales. Cela n’est absolument pas crédible dans le cadre notamment d’une candidature au Collège de Bruges. Ceci est d’autant plus dommage que c’était une des meilleures filières de l’IEP, et que donc nombre d’étudiants venant à Lille sont attirés par cette proximité avec Bruxelles. L’UE s’est construite par le droit. Il serait plus cohérent d’avoir quelques cours en commun avec la filière «carrières publiques» (APGBC) qu’avec celle de RI. Sans ces bases juridiques, un diplômé de l’IEP sort avec de graves lacunes pour son insertion et sa vie professionnelles.
- Réintroduire une vraie filière de recherche à l’IEP en partenariat avec Lille 2 sur un master complet en 2 ans et ne pas accepter que la recherche soit un M2 «d’exception» au bout de la rue
- Nous considérons comme une arnaque le concours avec l’ESJ. Très peu d’élèves sont pris. Il y a même un quota : seuls jusqu’à 20 élèves de l’IEP sont acceptés par l’ESJ ! En réalité, bien moins, d’ailleurs. Outre le prix élevé de cette formation, le jury se permet de demander aux étudiants s’ils bénéficient déjà d’un réseau parmi les journalistes. Il y a donc une double sélectivité sociale : par l’argent et le piston. Et la « motivation », notion subjective s’il en est, est évaluée à ce concours avec un fort coefficient, ce qui rend ce concours totalement arbitraire !
- Ne pas orienter l’IEP vers le modèle «Business School/Sciences Pipo Paris» : les filières «non rentables» ne doivent pas être «expulsées», nous sommes un service public !
- En rappelant la loi, S&A veut imposer que les étudiants qui se voient notifier un refus dans leur demande de master, sachent qui a pris la décision, pourquoi, et quelles sont les voies de recours. Cela doit être inclus au règlement des études, ce qui pour le moment a été refusé au CA par l’administration
- Permettre aux étudiants en premier semestre de M1 de changer non seulement de majeur mais aussi de spécialité de master à la rentrée scolaire à partir du moment où ils peuvent motiver suffisammment leur demande.
- Permettre, à titre exceptionnel, les dérogations aux étudiants qui sont rentrés à l’IEP avant que la réforme des masters ne soit votée, et qui veulent (par exemple) suivre des études de journaliste (mais ne sont pas pris au concours ESJ ou n’ont pas les moyens, en particulier les boursiers) ou suivre un cursus de recherche
- Exiger des études d’impact et des consultations avec les étudiants à l’avenir, et demeurer vigilants face aux tentations de «vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué» (ce qui mène à de la publicité mensongère)
- Le refus a priori de tout partenariat avec des établissements privés surtout quand il y a une clause d’exclusivité, ou quand ces établissements ont une « gouvernance » peu transparente, ou quand ils ont des frais aberrants
- Revoir le système d’admission en master qui est discrétionnaire et contre-productif ; rendre la procédure de répartition entre les filières transparente
- Favoriser le développement d’une préparation au « Cadre Orient » et d’un partenariat dans les NTIC (droit informatique, gestion des TIC, administration numérique, sociologie politique des NTIC, les possibilités sont nombreuses et permettraient à l’IEP d’être un pionnier en la matière)
La réforme des masters est un enjeu essentiel de cette élection. Il y a deux ans, le C.A. a adopté, la veille des élections, une réforme des masters bâclée, sans étude d’impact, sans consultation des étudiants.
Certains éléments de cette réforme sont un non-sens. Par exemple, la filière Europe n’a pas sa place en Relations Internationales. En effet, quoique l’UE soit basée sur des traités de droit international, un droit sui generis s’est développé, et le niveau d’intégration de l’Europe est bien plus fort que celui de n’importe quelle autre organisation supranationale. L’Union Européenne a une composante internationale via le Service Européen d’Action Extérieur, mais il s’agit de quelque chose d’embryonnique au mieux. L’UE a ses logiques propres, et son droit propre, et surtout, elle implémente des politiques publiques en utilisant un pouvoir normatif qui est souvent appliqué par les tribunaux des États membres. Ainsi, pour bien comprendre le droit européen et les politiques européennes, il est plus important de connaître le droit national et le droit européen comparé et le droit européen, que le droit international. Ce non-sens pédagogique et académique est grave car il met en péril la qualité d’une filière qui était parmi les meilleures de notre IEP. Pourquoi a-t-on, en tentant de le réparer, cassé quelque chose qui marchait bien ? Mais en plus d’être un non-sens, mettre «Europe» dans les «RI» c’est considérer que le devenir de l’Europe est d’être une organisation intergouvernementale classique, c’est considérer que nos voisins européens, la Belgique ou l’Italie, c’est l’étranger… En gros : nous pensons que la décision de placer «Europe» dans la filière «R.I.» n’est pas neutre un point de vue politique.
En plus de certains non-sens (et le sort de la filière Europe n’est pas le seul), il y a un certain nombre d’éléments qui ont des conséquences clairement défavorables pour les étudiants. Par exemple, la suppression des filières de recherche en 4A. Par exemple, le partenariat avec l’ESJ, qui provoque une hausse considérable des frais d’inscription même pour les boursiers, sans la possibilité pour ceux qui ont passé le concours de l’IEP avant qu’ils aient pris connaissance de la réforme des masters de bénéficier de la mutualisation avec d’autres IEP.
Enfin, il y a eu des problèmes dans le processus même de la réforme. Outre l’absence et de consultation et d’étude d’impact déjà cités, la réforme des masters a donné lieu a de la communication prématurée (vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué quoi) au sujet en particulier du partenariat avec l’EM-Lyon (au point que ça ressemble presque à la pub mensongère), et a un manque de réflexion pratique (par exemple sur la répartition des étudiants à travers les filières).
Cela ne veut pas pour autant dire qu’il faille tout jeter dans cette réforme. La diminution du nombre de cours magistraux ou encore le fait que Prep’ENA se fasse en 6A, ne sont pas de mauvaises idées. Il s’agit cependant de se pencher avec urgence sur les masters qui posent problème pour éviter que des étudiants continuent à se faire avoir.